J’ai croisé dans le métro, cette femme.
Un certain âge, une coiffure choucroutée, un visage anguleux dignes d’Armande Altaï et un look improbable (c’est peu de le dire).
Elle a enlevé son manteau, dévoilant un pull chaussette blanc sous lequel elle avait glissé des épaulettes et qu’elle avait bien enfoncé à la taille dans une jupe longue en velours noir. Le tout avec des bijoux volumineux.
La fashion police aurait certainement perdu connaissance.
Et dans un geste féminin et fluide, parfait équilibre entre douceur et détermination, regardant son reflet dans une vitre, elle s’est appliqué à replacer les mèches de sa frange tombant sur son visage, à repositionner correctement son collier, à enlever les poussières de sa jupe. Puis, satisfaite et fière d’une certaine façon, elle s’est assise.
Juste derrière elle, un groupe de jeunes hommes s’est immédiatement moqué d’elle. Gloussements et ricanements, pas du tout discrets.
Elle n’en avait que faire.
Je n’ai pu m’empêcher de sourire, tant elle était touchante dans sa féminité et sa façon de l’exprimer. Et je n’ai pu l’empêcher de l’admirer, tant son assurance était inébranlable. Un moment de grâce inattendu.
J’ai porté mon attention sur les autres femmes de la rame de métro. Toutes différentes, toutes avec leur charme, leur beauté, leur singularité, dans leur regard, dans leurs gestes, dans leur attitude.
“Nous avons toutes notre part de féminité”, me suis-je dit intérieurement, quelque part entre nos atouts et nos défauts, nos forces et nos talons d’Achille.
Bravo à vous toutes, qui assumez qui vous êtes, avec sourire et détermination, quel que soit l’endroit où chacune positionne le curseur de la sexualité.
Pour moi, le féminisme est bienveillance, envers nous même et envers les autres femmes. Se laisser / laisser le droit de rire, pleurer, vibrer, aimer. Être volontaire, décidée et actrice de sa vie. Être authentique et vraie, dans le respect et l’acceptation de l’autre. Et chérir sa liberté.