« On raccourcit notre séjour au Cap cette année. Je suis un peu lassée et je veux mettre une partie de mon budget vacances ailleurs »
« T’es blasée en fait ? »
« L’ambiance, c’est bien. Mais c’est toujours la même chose, les soirées. Il n’y a plus l’excitation, le petit truc dans ma tête, tu comprends »
J’écoutais avec attention la conversation de 2 femmes et amies libertines, lors d’une soirée libertine privée. Et je ne pouvais que partager les mêmes constats.
De la novice à la libertine aguerrie
Contrairement à Lola, amie novice et curieuse de découvrir le monde libertin qui m’accompagnait ce soir là, je suis une libertine aguerrie et rompue à l’exercice des soirées libertines.
Le regard que je pose sur ces soirées n’est plus léger et innocent. Je ne suis plus dans l’émoustillement de la découverte.
Je peux sentir et deviner la dynamique de la soirée. Il y a ce moment où la pression est trop forte et doit s’évacuer dans les coins câlins.
Jusqu’à ce point de non retour, de rupture où la tension sexuelle collective redescend complètement. Une fois passé ce cap, il ne se passe plus vraiment grand chose. Restent les irréductibles qui se lancent dans un 2ieme tour.
Pour moi qui recherche l’intensité et aime les ébats orgiaques, monter dans le train au bon moment est essentiel. Mais voilà, le train peut être à quai, sur le point de partir, je n’ai pas forcément envie de monter dedans à ce moment là. Dilemme.
On joue oui, mais à quoi ?
Du point du vue d’un(e) novice, libertiner a ceci d’intéressant de permettre de rencontrer et s’ébattre avec de multiples partenaires (autre que son(sa) conjoint(e), pour celles et ceux qui sont en couple). De réaliser des fantasmes aussi. Tout cela est fort grisant au début.
Mais voilà, pour ma part, j’ai déjà vu et testé plus d’une queue autre que celle de mon homme, qui sait très bien se servir de la sienne.
Au fur et à mesure que j’avance sur le chemin du libertinage, même si les partenaires sont différents, l’interaction sexuelle finit par suivre toujours un peu le même schéma, sans surprise et sans piment. Se pose alors la question de l’intérêt de se lancer dans une nouvelle partie de jambes en l’air.
Sur ce point, nous avons deux approches différentes, mon homme et moi.
Je prends conscience que mon désir s’éveille et mon plaisir s’épanouit dans un restaurant gastronomique. Je ne veux pas manger pour manger, je veux sentir l’envie de déguster, mon ventre gargouiller. L’appétit venant en mangeant, je peux me montrer plus gourmande par la suite et me laisser aller à dévorer. Paradoxe. Et à ce moment là, dans ce fameux jeu de vases communicants, le plaisir de mon homme est décuplé.
Et pour avoir envie de déguster, il doit y avoir un jeu qui me titille, un scénario qui me surprend et une dimension cérébrale qui suscite mon intérêt. Je suis devenue exigeante pour passer à table.
Je dois percevoir des signaux m’indiquant que l’interaction sexuelle sera stimulante et différente de celles que j’ai déjà eu. Si en plus l’enveloppe charnelle de mon partenaire est agréable (belle gueule et/ou corps taillé), alors oui, dans ce cas, je ne boude pas mon plaisir.
Mon homme, quant à lui, est toujours dans le magasin de bonbons, et prend toujours autant de plaisir à avaler avec gourmandise toutes les confiseries. Avoir la possibilité de multiplier les partenaires est déjà un plaisir en soi pour lui. Et cela est sans doute très masculin.
Je sais que, malgré tout, à choisir, il préfère que nous vivions plus facilement des moments privilégiés ensemble, en mode orgies romaines ou pluralité masculine, en bonus de notre sexualité classique. Ses fantasmes sont orientés vers moi, vers de scénarios dont je suis la principale protagoniste. Son désir est décuplé quand il me voit à l’action (et je le constate physiquement).
Je fais quoi maintenant ?
Tout ceci étant dit, comment vont se passer nos prochaines soirées libertines ? Car les orgies sont de plus en plus rares et il est plus facile de coquiner en duo pour ma part et en trio pour mon homme (souvent avec un couple dont l’homme est candauliste).
Allons-nous toujours à l’avenir ne plus manger en même temps, la même chose et au même rythme ?
Je ne reviendrai pas sur mes exigences, d’autant que se développe ma conscience féministe, attachée à la liberté d’agir sans être contrainte de répondre aux diktats imposés.
Je ne renoncerai pas aux soirées libertines non plus, parce basculer du côté obscur, en devenant Tania, fait partie de mon équilibre de vie. Et trouver des terrains de jeux cérébraux avec des partenaires stimulants reste excitant et stimulant.
A moi d’impulser les scénarios et provoquer les conditions pour que le plaisir soit cérébral et physique.
A moi d’exprimer mon désir et mes envies.
A moi de trouver les partenaires de jeux qui seront à la hauteur.
A nous de réinventer notre contrat libertin.